Décès de Michel TEISSIER, ancien Grand Maître

Michel TEISSIER

Le grand Maître, Samuel ACCABAT et son Conseil d’administration ont appris avec grande tristesse le décès de notre Cher Confrère , Michel Teissier, intervenu le 31 mars 2024 à Montpellier.

Michel a été Grand Maître de notre Confrérie jusqu’en 2020.

Une délégation de notre Confrérie a assisté aux obsèques le vendredi 5 avril dernier en l’église de Marguerittes afin de lui rendre un dernier hommage.

Michel, tu resteras à jamais dans nos coeurs !

 

 




Décès de M. François JAMME

Grand logoLa Confrérie des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc-Roussillon-Occitanie vous fait part de sa tristesse en portant à votre connaissance le décès de M. François Jamme, Majoral de la Confrérie et un de ses fondateurs. C’est une grande voix, investie dans la défense de l’Olivier et de toutes ses valeurs, qui vient de s’éteindre.

Les obsèques seront célébrées le vendredi 29 mars 2024 en l’église de Sainte-Bernadette des Etudiants à 10 heures précises au 250 rue du Truel – 34090 Montpellier.

La Confrérie en délégation, avec l’accord de la famille, sera présente en grande tenue, Majoraux, Chevaliers et Amis pour rendre un dernier hommage à l’un des siens. Nous ne pourrons pas être présent en totalité, une partie des membres organise dans le GARD une démontration de taille avec les élèves d’écoles primaires et ne pourra se déplacer. Cette séance sera pour honorer la mémoire de l’oléiculteur qui nous a quittés.

Par Autorisation du Grand-Maître et Président Samuel ACCABAT et par délégation
Le Grand-Chambellan et vice-Président Raymond GIMILIO
le vice-Président Jean-Claude GAYRAL




La confrérie sera présente au Forum des Associations à Arpaillargues le 3 septembre 2023

La Confrérie des Chevaliers de l’Olivier Languedoc-Roussillon Occitanie (LRO) sera présente le dimanche 3 septembre 2023 au Forum des Associations à Arpaillargues (village où se situe notre siège social).

Nous tiendrons un stand à partir de 10h00 (lieu: complexe sportif d’Arpaillargues).  Vous êtes les bienvenus à nous rendre visite sur le stand!!




Pierre Villemur nous a quittés

30 ans

Nous venons d’apprendre il y a quelques jours le décès de Pierre Villemur. C’est un grand spécialiste des arbres fruitiers, professeur honoraire à l’ENSAM qui nous a quittés le 2 avril 2023 à l’âge de 92 ans entouré des siens. Ses obsèques ent été célébrées le 8 avril 2023 au domaine de Grammont, devant une salle comble.

A la demande de la famille et avec l’accord du Grand Maître de la Confrérie des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc-Roussillon, le Grand Chambellan de la Confrérie nous représentait et lisait un hommage à Pierre Villemur. Il avait auparavant remis à la famille la médaille du 30e anniversaire de la Confrérie (1992-2022) faisant de lui un Ambassadeur à titre posthume des Chevaliers de notre région. La médaille a été déposée sur le corps avant la fermeture de la bière.

Pierre Villemur était digne de l’hommage qui lui a été rendu, sa carrière, ses enseignements et ses recherches le rendaient digne d’être membre de notre Confrérie : c’était un spécialiste de l’olivier comme l’attestent ses travaux et ses publications. Il était co-auteur d’un des chapitres majeurs de l’ouvrage « L’histoire de l’olivier » publié en 2012, coordonné par André Bervillé et Catherine Breton, copublié avec Nathalie Moutier et Michel Calleja sous le titre « De l’édification de l’arbre à la production d’olives » (pp. 132-153). Ce n’est que la partie visible de son oeuvre. La maladie et le décès de son épouse ainsi que le confinement dû au CoVid19 ont empêché qu’il puisse rejoindre, de son vivant, notre confrérie. Il en était digne selon notre charte qui stipule de « défendre l’olivier et toutes les vraies richesses matérielles et spirituelles qu’il nous apporte … aider dans toute la mesure de mes moyens à la maintenance et à la promotion de sa culture ». Il a aussi oeuvre pour l’olivier « symbole d’abondance, de sagesse et de paix, symbole de vie. »

Un ami s’en est allé vers d’immenses vergers d’oliviers célestes, Raymond dit « la science » n’a pu que rappeler comment il a connu le travail des scientifiques dont celui de Pierre et de sa science.

Le Conseil d’administration des Chevaliers de l’Olivier réuni le jeudi 13 avril à Bellegarde-Pont-de-Broussan a validé la nomination de Pierre Villemur ambassadeur à titre posthume de la Confrérie des Chevaliers de l’Olivier du Languedoc-Roussillon de l’Occitanie et l’hommage qui lui a été rendu au nom de notre confrérie.

Raymond GIMILIO
vice-Président, Grand Chambellan

Notre bannière




Lautrec 5 août 2022


Blason de Lautrec

Confrérie de l’Ail Rose de LAUTREC

Lautrec est une commune française située dans le département du Tarn en région Occitanie. Sur le plan historique et culturel, la commune est dans le Castrais, un territoire essentiellement agricole, entre la rive droite de l’Agout au sud et son affluent, le Dadou, au nord.

Exposée à un climat océanique altéré, elle est drainée par le ruisseau de Bagas, le ruisseau de Lézert, le ruisseau de Poulobre, le ruisseau de Ganoubre, le ruisseau de Merdalou, le ruisseau de Saborgues, le ruisseau de Vidalès et par divers autres petits cours d’eau. La commune possède un patrimoine naturel remarquable composé de cinq zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique.


Emblème du Tarn

Le 5 août 2022 à 8H 30 salle des associations à LAUTREC où nous a convié la Confrérie de l’Ail Rose de LAUTREC, pour son Grand Chapitre jour de la fête de l’Ail Rose de LAUTREC.


La Confrérie de l’ail rose de Lautrec

61 Confréries sont présentes, avec lesquelles nous partageons le copieux petit déjeuner offert par nos hôtes.

A 9h 15 départ en défilé des Confréries vers la Collégiale Saint Rémy où nous assistons aux présentations des Confréries et aux intronisations.


Les 60 confrèries présentes

Le chapitre

A 10h30 défilé en tenue dans les rue de LAUTREC, avec un passage dans  la Maison de Retraite pour la plus grande joie des résidents. Le défilé se termine sous les couverts de la Place Centrale où un vin d’honneur et la soupe à l’ail nous sont offerts par le Syndicat de Défense du Label Rouge Ail Rose de Lautrec.

A 13 heures repas du Chapitre à la salle des fêtes de Saint- Genest de Contest.

Et nous regagnons nos foyers.

Nous défilons
Le vélo d’ail

Confection des manouilles



Nîmes 27 avril 2022


Nîmes capitale et chef lieu du Gard

Le 27 avril 2022, une délégation de la Confrérie des Chevaliers de l’Olivier s’est rendue à 11h à la Mairie de Nîmes où elle devait remettre à Monsieur Jean-Pierre Fournier, Maire de Nîmes, des huile d’olives et des olives de la région Languedoc-Roussillon-Occitanie.

Blason du Gard

Le Docte Collège des Consuls de Nîmes était présent avec deux de ses membres dont le Président Julio Belles. Notre confrérie était présente avec 11 de ses membres dont 9 majorales-majoraux, deux chevalières-chevalier et une ambassadrice. Mme Julie CAROU, responsable Qualité et Communication  du SYNDICAT DES AOP OLIVE ET HUILE D’OLIVE DE NIMES et responsable gestion AOP du SYNDICAT DE DEFENSE LUCQUES ET HUILE D’OLIVE DU LANGUEDOC. C’est elle qui organise la dégustation d’huile de cette manifestation.

Le Grand Mâitre Samuel Accabat présente la délégation à Monsieur le Maire et le remercie de son accueil et de celui des Conseillers municipaux présents. Il explique notre démarche et pésente le bureau de la Confrérie et son objectif. Il présente également le Groupe des Tastaïres de la Confrérie (3 dégustateurs jurés) . Mme Yannick COCHET, oléicultrice et coopératrice à Pignan (34) est récemment arrivée dans la Confrérie (Corconne, décembre 2021). Elle est Oléologue diplômée de la Faculté de Pharmacie de Monpellier. M. Jan TIMMERMANS, oléiculteur à Saint-Pargoire (34), coopérateur à Pignan et administrateur UPPO34, est docteur en pharmacie, il n’a pu être là pour des raisons professionnelles. 


M. Jean-Pierre Fournier félicitant notre Grand Chambellan

Enfin, il présente M. Raymond GIMILIO, majoral, Grand Chambellan, vice-Président, chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole, oléiculteur à Claret (34), coopérateur à Pignan et administrateur de l’UPPO34. Il est dégustateur juré au Concours général de Paris, qualifié chef de table. Il lui passe la parole.

Raymond GIMILIO présente la démarche qualité recherchée pour nos huiles et produits oléicoles par l’UPPO34 en collaboration avec France Olive et notamment la chasse aux huiles de provenance douteuse que des forains tentent de nous faire passer pour des huiles de chez nous.

Il commente et détaille le contenu des coffrets visibles en arrière-plan avec nos deux Majorales Annie SEBAOUN et Simone PARIS (Tabellion).

Présentation des huiles

Nos deux Majorales remettent chacune un coffret contenant les huiles de nos deux régions oléicoles AOP (Nîmes et Languedoc).


Annie Sebaoun remettant un coffrer à Monsieur le Maire de Nîmes

Dégustation des huiles


Monsieur le Maire et ses adjoints devant les échantillons

Madame Julie CAROU, organisatrice de la dégustation, présente une bouteille dont elle a versé un échantillon dans un verre à dégustation. Monsieur le Maire écoute attentivement les explications sur le mode opératoire de la dégustation d’une huile d’olive.

Ce ne sont pas moins de six échantillons issus de nos grands moulins à huile privés ou coopératifs du Gard et de l’Hérault qui ont fait le bonheur des papilles des participants. Ceux-ci ont pu découvrir les subtilités des fruités vert, noir et à l’ancienne.

Merci pour ce travail de promotion de nos bonnes huiles et de ceux qui les élaborent, de l’oléiculteur au maîtres de moulins.

Et tous se retrouvent devant un buffet et un vin d’honneur. Merci encore à notre hôte. Il est un Ambassadeur digne de notre confrérie.


Nos deux confréries et Monsier Jean-Pierre Fournier



Pour avoir des olives, il faut des fleurs

Problématique

Même si l’oléiculture française est insuffisante, de loin, aux besoins des consommateurs français, néanmoins, elle fait vivre des oléiculteurs dont la majorité vise des produits d’excellence, des produits de haute qualité : huile, fruits de bouche, tapenades et pâtes d’olives, etc. Il existe une majorité de consommateurs sachant reconnaître les produits de qualité et disposés à payer le prix d’un travail orienté vers cet objectif. Or, pour atteindre ces objectifs, des olives, il faut des fleurs sur un olivier, celui que les scientifiques nomment Olea europaea europaea !

Oliveraie médiévale Montpeyroux

Des fleurs pour avoir des olives : une vérité si banale qu’elle ne devrait pas être énoncée ! On dit que c’est un truisme. Il est clair que certaines années la floraison semble très faible, d’autres il y a une floraison abondante. L’oléiculteur attend la fécondation de ses fleurs et la nouaison pour constater l’abondance ou l’absence de jeunes fruits. Et on constate qu’avoir des fleurs ne suffit pas. Les fruits sont ou ne sont pas au rendez-vous. Pourquoi ?

Un mystère entoure la production des fruits et les discussions n’en finissent pas sur les causes qui obèrent les récoltes, en excluant du présent propos l’évolution du fruit vers sa maturité. Le jeune fruit va grossir et subir les attaques plus ou moins fortes de parasites. Nous allons d’abord nous intéresser à la fleur et à la floraison.

On vous en souhaite autant
Olives lucques sur olivier Lucal

Pour développer le sujet, nous avons fait un large emprunt aux travaux de l’équipe Nathalie Moutier, Pierre Villemur et Michel Calleja « De l’édification de l’arbre à la production des olives » publiés (pp. 131-153, avec bibliographie) dans l’ouvrage collectif « L’histoire l’olivier » coordonné par Catherine Breton et André Bervillé (Quae éditions, 2012, 224 p.). Nous avons également disposé du texte de l’article « Des secrets de l’olivier révélés », confidents Catherine Breton (Université de Montpellier) et André Bervillé (Ex DR INRA-Montpellier) document créé en 2020, non publié.

Du langage scientifique des auteurs, il convient de tirer pour nos lecteurs des informations accessibles aux oléiculteurs de terrain qui ne sont pas des scientifiques de haut niveau mais des praticiens de terrain blanchis sous notre soleil. Entrons dans les mystères de l’olivier.

1         Comment vient un bourgeon à fleur ?

Le bourgeon terminal d’un rameau doit fonctionner.

1.1        Le bourgeon constructeur

bt vue en coupe
Vue schématique en coupe bourgeon terminal

À l’extrémité d’un rameau se trouve un bourgeon qualifié de constructeur. C’est un bourgeon nu, sans écailles, caractéristique de nombreuses espèces végétales subtropicales. Cette zone va allonger le rameau en produisant des branches et des feuilles, après le repos hivernal. La croissance redémarre en mars-avril produisant une pousse ou rameau de l’année.

1.2        Le rameau de l’année

Le rameau de l’année se construit par un allongement produisant une succession d’entre-nœuds. À chaque entre-nœud se trouve une paire de feuilles disposées face à face, on dit opposées. Un nœud est décalé de 90° par rapport au suivant, les paires de feuilles sont dites décussées. À l’aisselle du pédoncule de la feuille sur le nœud, il y a un bourgeon dit axillaire avec quatre ébauches foliaires. Il y a en-dessous du bourgeon axillaire, un bourgeon supplémentaire minuscule, proche du rameau, protégé pas deux ébauches de feuilles.

La disposition des feuilles sur le rameau est appelée phyllotaxie. On dit que la phyllotaxie de l’olivier est d’ordre 2. Cette phyllotaxie commence dans le bourgeon terminal qui contient toutes les ébauches de feuilles. On imagine, que du sommet de la tige en allant vers le bas, les bourgeons sont disposés sur deux spirales parallèles.

Comment se voit le passage du rameau de l’année à celui de l’année suivante ? C’est par la taille des entre-nœuds qui sont plus courts, des feuilles plus petites et des bourgeons de teinte plus claire au printemps. Pendant cette saison, les feuilles ont une expansion rapide, atteignant leur taille maximale en deux semaines.

Rameau long (Mauguio)

Cette connaissance de la phyllotaxie et de la différence de rameaux est primordiale pour l’oléiculteur dans la conduite de son oliveraie. En effet, les bourgeons vont évoluer de manière différente et l’oléiculteur doit savoir comment les distinguer. Une bonne taille, la réussite des greffes, … en dépendent.

1.3        L’évolution des différents bourgeons vers la fleur

À l’aisselle du pétiole de la fleur se trouve un complexe de deux bourgeons (figure ci-contre) :

  • le bourgeon axillaire,
  • le bourgeon surnuméraire.

1.3.1        Le bourgeon axillaire

Ce bourgeon ne se développe pas la première année. Il peut suivre quatre développements différents :

  • rester dormant (on dit encore latent), au repos jusqu’à ce qu’il tombe avec la feuille et son pétiole ;
  • produire un rameau latéral l’année suivante (on le qualifie de bourgeon végétatif) ;
  • produire une grappe de fleurs, une inflorescence (on le qualifie de bourgeon florifère) ;
  • manifester une croissance immédiate donnant un rameau anticipé (ainsi nommé par les arboriculteurs).

Le rameau anticipé donne un premier entre-nœud très long.

1.3.2        Les bourgeons surnuméraires

Ces bourgeons restent le plus souvent dormants jusqu’à la troisième année où ils donnent des rameaux surnuméraires, assurant ainsi le renouvellement des ramifications. À la base de tels rameaux, on observe deux premiers bourgeons formés, minuscules, opposés et perpendiculaires à l’axe du rameau surnuméraire.

Nous allons nous intéresser aux bourgeons à fleurs et à la fleur.

2         La fleur de l’olivier et la floribondité

La fleur de l’olivier provient de la métamorphose du bourgeon florifère.

2.1        Métamorphose du bourgeon florifère

Inflorescence sur rameau court.

Juste après la formation du rameau de l’année, commence le cycle de reproduction de l’olivier. Les bourgeons florifères vont donner, l’année suivante, des inflorescences, les grappes de fleurs appelées panicules. Le phénomène est appelé induction florale, il commence en juillet, soit au début de l’été, l’année même de la formation des bourgeons axillaires dont ils vont dériver. Au début de l’automne, avec les premiers froids, commence l’initiation florale qui va se poursuivre la 2e année jusqu’en février. Les fleurs vont donc apparaître sur le rameau de 2e année.

2.2        La fleur de l’olivier

Dans le bourgeon de la fleur, le point végétatif s’élargit, l’axe de l’inflorescence se forme, s’allonge et porte les premières ébauches de fleurs. En avril, les jeunes inflorescences s’accroissent et la floraison éclate de mai à juin. Mais, la température peut jouer.

2.3        Influence du froid ou vernalisation

Normalement, le froid agit de manière prépondérante, c’est la vernalisation qui confère à l’arbre l’aptitude à fleurir (processus étudié dans les années 1950 à 1960). Cependant, des températures trop douces peuvent renverser le processus et l’interrompre. Les hivers trop doux de certaines zones oléicole (fin décembre par exemple) peuvent occasionner des floraisons erratiques, anormales (sud-ouest de l’Iran, au Khuzestan).

2.4        L’inflorescence et la fleur

2.4.1        L’inflorescence

L’inflorescence est un panicule (une grappe de grappes). Les panicules sont portés en position latérale sur les rameaux d’un an mais il y a des exceptions selon les variétés d’oliviers. Des panicules peuvent être portés en position terminale sur des rameaux cours comme chez le picholinier et le bouteillan.

2.4.2        La fleur hermaphrodite

Fleur vue en coupe (2 pétales enlevés)

La fleur de l’olivier est petite, elle mesure de 3 à 6 mm. La phyllotaxie d’ordre 2 joue. Elle a :

  • quatre sépales en deux cercles (2×2), minuscules feuilles à la base de la fleur, soudés pour former un calice persistant ;
  • quatre pétales blancs, au-dessus des sépales, soudés à leur base au calice ;
  • deux étamines (les organes reproducteurs mâles) constitués d’une courte tigelle (le filet) portant chacune deux sacs à pollen (deux par étamine) ; les filets sont soudés sur la base des pétales ;
  • au centre de la fleur, sous la base des pétales, on trouve un pistil, l’organe reproducteur femelle constitué par un stigmate porté par un court style inséré au sommet d’un ovaire.

Cette fleur complète est dite hermaphrodite car elle porte les deux organes reproducteurs, l’organe mâle (étamines) et l’organe femelle (pistil).

Fleur, 4 pétales retirés montrant l’ovaire surmonté d’un court style coiffé du stigmate.

La présence simultanée des deux « sexes » laisse penser que l’olivier s’auto-féconde dans sa fleur. Nous verrons que cette autofécondation est contrariée par des mécanismes biologiques qui évitent la consanguinité.

Vue schématique en coupe
Fleur : schéma vue en coupe

Une singularité : il y a des fleurs incomplètes qui n’ont pas l’organe reproducteur femelle, dites femelles stériles et ne produisent que du pollen. Pourquoi ? Ces fleurs sont qualifiées de staminées (fleurs à étamines). Lors du développement du bourgeon floral, le développement du pistil avorte. Cet avortement peut être plus ou moins important au cours de la croissance de l’inflorescence en avril. Le stress hydrique jouerait un rôle dans ce phénomène. Sont aussi présentes des fleurs dont les étamines ont avorté, le style est présent mais ces fleurs ne donnent pas de fruit.

2.4.3        Des variétés sans pollen

L’olivier produit donc beaucoup de pollen mais là aussi il y a des exceptions. Des variètés agronomiques (l’Olivièral ou olivier à olives Olivières, le Lucquier ou olivier à olives Lucques) ne libèrent pas du pollen fonctionnel lors de l’ouverture des sacs polliniques (l’anthèse ou ouverture des sacs à maturité). On dit que ces variétés sont mâles stériles. Le processus de pollinisation exige l’apport d’un pollen fonctionnel d’une autre variété. Il ne peut y avoir d’auto-fécondation chez ces variétés.

3         Les caractéristiques de la floraison

Fleurs mâles et fleurs hermaphrodites

L’olivier est certes un arbre fruitier mais différent de ceux qui font partie des vergers à Rosacées (pommiers, poiriers, etc.). Ces fruitiers fleurissent sur le bois de deux ans et plus. Ce n’est pas le cas de l’olivier qui appartient à la famille des Oléacées. L’olivier produit un nombre important de fleurs mais cette floribondité est pondérée par la fertilité inégale des fleurs (complètes ou staminées). C’est une caractéristique qui varie selon les variétés agronomiques de l’olivier.

3.1        La proportion des fleurs

Les fleurs staminées ont leur utilité : la pollinisation globale de l’olivier. Leur proportion est donnée par les auteurs dont nous nous inspirons (étude sur 3 ans d’observations sur la partie moyenne des rameaux d’un an, tableau ci-dessous, chiffres arrondis).

Variété Nbe. moyen de fleurs / inflorescence Nbe. moyen de fleurs hermaphrodites % de fleurs hermaphrodites Nbe. moyen de fleurs staminées % de leurs staminées
Picholinier 23 16 73 7 27
Tanche 16 11 71 5 29
Aglandau 17 11 66 6 34
Bouteillan 24 11 44 13 56
Oliviéral * 20 7 36 13 64
Verdalet 34 19 6 36 12 64
Lucal * 22 3 12 19 87

* mâles stériles. Olivièral ex Olivière, Lucal ex Lucquier.

Ce tableau « montre que, entre variétés, le nombre de fleurs par inflorescence après à donner des fruits est très variable, et qu’il faudra donc standardiser le nombre de fruits / 100 fleurs hermaphrodites » (André Bervillé 25 février 2022).

3.2        Le voyage du pollen d’olivier

Le pollen de l’olivier est formé très rapidement dans les sacs polliniques des étamines. Le processus débute 30 à 40 jours avant la floraison, marquée par l‘apparition des pétales. Le grain de pollen est produit en quantité : de l’ordre de 2 à 4 millions par inflorescence chez les variétés à fruit d’olive de table et atteint 8 millions chez les variétés à huile. Le grain de pollen est léger, il est transporté par le vent sur de très longues distances. Les insectes ne jouent aucun rôle dans la pollinisation mais viennent se nourrir du pollen d’olivier.

Des observatoires munis de capteurs ou pièges à pollen (site de Bel-Air à Montpellier) ont capté des pollens venus d’Algérie. Mais étaient-ils utiles, c’est-à-dire capables de féconder une fleur d’olivier ? La durée de vie du grain de pollen n’est pas connue avec certitude. La question principale est bien : combien de temps et sur quelle distance conserve-t-il sa capacité à féconder un ovule : il n’y a pas de réponse expérimentale (André Bervillé et Catherine Breton).

3.3        La météo, rôle

La météo, par contre, joue un rôle important. Les périodes de forte chaleur, de froid, de brouillard et de pluies sont contraires à une bonne pollinisation. La forte insolation et la richesse en rayons ultra-violets peut intervenir défavorablement. Mais la partie vivante du grain de pollen est protégée par une coque relativement épaisse. On ne sait pas si la coque se vide au bout de combien de temps.

4         L’atterrissage du grain de pollen

La question est de savoir où va atterrir ce grain de pollen voyageur.

4.1        Le style de l’ovaire, terrain d’atterrissage

Le stigmate en forme de chapeau surmontant le style court et l’ovaire (futur fruit).

La cible naturelle d’un grain de pollen est la surface du stigmate du style surmontant l’ovaire. Une surface minuscule hérissée de « plumes » accueillantes, humides. Là, le grain plus ou moins desséché s’hydrate et peut germer. Le grain va développer un tube pollinique qui va pénétrer les tissus du stigmate puis du style, dans un trajet qui va conduire ce tube vers l’ovaire et ses ovules. C’est un tissu spécial qui va guider le tube pollinique. À l’extrémité de ce tube sont produits deux gamètes mâles. Le grain de pollen est un porteur de gamètes, de cellules reproductrices, on dit un gamétophyte. On dit aussi que la plante qui fabrique le pollen et porte les ovules est un sporophyte. L’olivier porte sur le même plant les deux gamétophytes (pollen et ovaires) : c’est une plante monoïque. Par opposition, des espèces végétales portant les fleurs mâles et les fleurs femelles sur des plants différents, sont appelés espèces dioïques.

Attention, la durée de vie de la qualité de l’accueil du stigmate (la réceptivité) est limitée à 8 ou 10 jours (Picholinier) mais elle est de 2 à 3 jours (Lucquier). Chez ce dernier cultivar, des pistils dûment fécondés avortent (jusqu’à 80%). L’aptitude à la fécondation de ce cultivar est faible.

4.2        L’autofécondation chez l’olivier

La question qui se pose pour les cultivars mâles stériles est la nécessité d’un apport de pollen d’un cultivar donneur mâle fertile. Par contre, on serait tenté de croire que les cultivars dont les fleurs complètes disposent côte à côte, à quelques dixièmes de millimètres du sac à pollen donneur surplombant le stigmate récepteur s’autofécondent ?

Les expérimentations et les observations conduisent à la même conclusion :

  • l’autofécondation est exceptionnelle et donne parfois des fruits mal développés (millerandage), de plus le niveau de fruits n’est que de 30 à 40%, ce qu’il est avec un bon polliniseur (le donneur de pollen) ;
  • la fécondation croisée est la règle.

Il existe des mécanismes chez les végétaux qui empêchent l’autofécondation et favorisent la fécondation croisée. Ces mécanismes sont de plusieurs ordres :

  • mécanisme d’ordre physique (longueur du pistil dépassant les étamines ou l’inverse),
  • différences dans le temps entre la maturation des organes mâles et femelles,
  • dispositifs biologiques d’incompatibilité entre le style et le tube pollinique ; le style fait avorter la croissance du tube pollinique qui ne progresse plus vers les ovules de l’ovaire.

Le dernier cas est celui de l’olivier. Il existe des facteurs d’incompatibilité qui empêchent l’autofécondation ou la fécondation croisée avec un cultivar non-compatible. Ce point fera l’objet d’un article séparé qui détaillera ce facteur. Nous le nommerons compatibilité biochimique.

Ce n’est pas le seul facteur qui intervient dans la réussite de la fécondation croisée.

4.3        Le bon partenaire

Le bon partenaire
Variabilité interannuelle de la date de floraison 1972-1982

On connaît des partenaires dont la compatibilité biochimique est parfaite. Il faut que le donneur de pollen fleurisse et émette son abondant pollen au bon moment : le moment où le stigmate du pistil est accueillant. Pierre Villemur et ses acolytes ont donné un diagramme des périodes comparées étudiées à Montpellier-SupAgro de 1976 à 1982. La référence est faite par rapport à la période de floraison du Picholinier. (figure ci-contre)

5         En conclusion

Nous empruntons à C. Breton et A. Bervillé et ces affirmations en guise de conclusion. « Le rôle du sporophyte (pollen et tube pollinique) est de transférer le noyau de la cellule reproductrice mâle (anthérozoïde) là où il fusionnera avec la cellule reproductrice femelle (ovule) du sac embryonnaire pour donner le futur embryon. ». C’est la germination de cet embryon qui donnera un nouvel olivier.

On sait que chez les végétaux l’autre anthérozoïde va fusionner avec une cellule diploïde polaire du sac embryonnaire pour donner l’albumen. Chez les végétaux supérieurs et les plantes à fleurs, cet albumen est un tissu de réserve destiné au développement de l’embryon lors de la germination de la graine. Chez l’olivier l’albumen donne un tissu de réserve solide dans le noyau du fruit. Le producteur d’huile est intéressé par le devenir des tissus de l’amandon du noyau broyé avec l’ensemble du fruit. La qualité des huiles en dépend.

La fécondation par un pollen, qu’il soit auto-pollen ou allo-pollen est un gage d’une récolte abondante. Mais, il nous reste à examiner les facteurs d’incompatibilité, ce qui sera fait dans un autre article.

Raymond GIMILIO
Diplômé d’études supérieures de botanique
Docteur en sciences biologiques mention ecologie
Majoral et vice-Président de la Confrérie des Chevaliers de l’Olivier

Merci à André Bervillé pour sa relecture, ses corrections et l’autorisation de publier les illustrations.

Olivier du jardin de Gethsemani (Jérusalem, mont des Oliviers) Il vient de loin !




Plaidoyer Josiane Ubaud



LETTRE OUVERTE AUX OLÉICULTEURS, COOPÉRATIVES OLÉICOLES
ET CHERCHEURS pour le respect des noms des olives et des oliviers

Mesdames, Messieurs,

Vous travaillez sur l’olive et l’olivier en différents secteurs : culture, production d’huile dans vos moulins privés ou coopératifs, vente d’huile et de produits à base d’olives, recherches sur la génétique, les origines de l’olivier, l’auto-fertilité, les maladies, etc. Tous, vous êtes amenés à nommer les variétés d’oliviers et leurs olives pour étiqueter vos produits, diffuser des conseils agricoles ou rédiger vos textes scientifiques. Et tous, vous commettez des erreurs, inexorablement, pour qualifier les variétés. Pourquoi ?

Parce que, Occitans d’origine, vous avez partiellement ou totalement perdu votre langue, la seule qui nomme les oliviers depuis des siècles de père en fils : l’occitan (ou langue d’oc) dans toutes ses variétés (languedocien, provençal, niçois).

Parce que, non Occitans d’origine mais amoureux des oliviers et devenus acteurs de l’oléiculture, vous n’avez, encore plus que les précédents, absolument pas conscience que les oliviers ne sont  nommés qu’en langue d’oc, forcément, ces arbres ne poussant pas en terres de langue d’oïl. Ce sont donc des noms occitans que vous utilisez, qui ont été adaptés en français (et non des noms français vernaculaires), et adaptés de façon parfois catastrophique. Or toute langue a sa grammaire.

Parce que, chercheurs, peut-être encore plus que les deux catégories précédentes, vous ne vous posez même pas la question des noms que vous utilisez, diffusés sans conscience, sans connaissance, sans connaître leur sens, leur étymologie, et leur grammaire (ce qui est anti-scientifique).

Comme lexicographe (donc rédactrice de dictionnaires), et encore plus comme ethnobotaniste (de terrain et dans les livres depuis 30 ans) particulièrement spécialisée sur le lexique de la vigne et de l’olivier (en dialectes provençal et languedocien), comme locutrice de cette langue en provençal, je constate donc avec grande tristesse et consternation les entorses faites au lexique concernant les oliviers et les olives dans vos publicités ou vos textes scientifiques. Cependant, les archives sont nombreuses, les dictionnaires et les textes tout autant, pour s’apercevoir des erreurs commises dans le lexique employé actuellement et qui auraient donc dû/pu être évitées aisément, par une consultation rapide du dictionnaire de F. Mistral.

Employer un mot suppose pourtant la curiosité élémentaire de se demander quelle est sa grammaire pour l’utiliser correctement. En français, vous ne pressez pas un oranger et vous ne greffez pas une orange, n’est-ce pas ? Vous ne pelez pas un bananier mais une banane ? Vous ne crachez pas un noyau de cerisier mais de cerise ? Vous ne dites pas « une olive amer » ni « un olivier vieille » ? Aucun pépiniériste n’écrit dans sa liste d’arbres fruitiers à la vente dans son catalogue « cerisier, prune, pommier, poire, figuier, jujube », mélangeant sans distinction noms d’arbres et noms de fruits : il ferait rire tout le monde avec cette liste. Pourquoi commettez-vous donc ces équivalents lorsque vous parlez des oliviers et des olives ?

Non, « aglandau » ne saurait qualifier une olive puisque c’est du masculin : cela ne qualifie que l’olivier, lequel fait des olives aglandales, en toute logique, et comme cela se dit et s’écrit depuis des siècles en occitan (aglandau/aglandala ou en graphie mistralienne aglandau/aglandalo). Non, « salonenque » ne saurait qualifier un olivier puisque c’est du féminin. L’olivier selonenc/selounen porte l’olive selonenca/selounenco, ce qui, transposé en français, donne « un sélonenc porte de sélonenques » ou plus radicalement adapté « un salonais porte des salonaises » puisqu’il s’agit de la ville de Salon (qui se dit Selon/Seloun en occitan et non Salon/Saloun). Non, « grossane » ne peut qualifier un olivier car c’est du féminin : c’est l’olivier grossan qui fait des grossanas (ou en graphie mistralienne groussan/groussano), ce qui en français se traduit par un olivier grossan (ou plus simplement le grossan) fait des olives grossanes (ou des grossanes). Non, les listes des « variétés d’oliviers » telles qu’on les trouve dans absolument tous les textes scientifiques (dont ceux publiés dans Le retour de l’olivier, Retour sur l’olivier, Études héraultaises, 2009, où j’alerte pourtant sur ce sujet, ou l’article plus récent Faut-il réorganiser les vergers ? publié dans les Annales de la SHHNH vol. 153, année 2013) et tous les dépliants distribués par les coopératives oléicoles ne sauraient comporter, pas plus que le catalogue du pépiniériste, des noms masculins et féminins indistinctement mélangés, ce qui donne une liste totalement surréaliste pour qualifier les oliviers : bouteillan (masculin), olivière (féminin), aglandau (masculin), picholine (féminin), grossane (féminin), cailletier (masculin), etc., etc., noms que l’on retrouvera dans « variétés d’olives » !

Non, avoir perdu sa langue ou l’ignorer n’autorise pas à soutenir « mordicus » qu’aglandau est bien le nom de l’olive, parce qu’on le dit soi-même ou qu’on l’a entendu dire ou lu sur Internet ou vu écrit dans un  article scientifique, en l’occurrence bien anti-scientifique sur ce point. Non, cette erreur ne peut être « une référence » : un amateur en astronomie ou en histoire, même s’il parle de ces deux matières par goût, ne peut être une référence. Il en est de même en linguistique. Ceux qui n’ont pas perdu la langue, les dictionnaires et les textes d’auteurs en langue d’oc, font tous la distinction élémentaire olivier au masculin/olive au féminin : c’est cela la référence parce que c’est le fonctionnement de la langue d’oc. Par exemple, on peut lire dans le dictionnaire de F. Mistral à l’entrée selounen, enco adj et n : « oulivo selounenco, variété d’olive, petite, allongée, (etc.) ; óulivié selounen, olivier qui porte l’olive selounenco. ». Et à l’entrée pigau, alo adj et : « olivier qui porte l’olive pigalo ». Et à l’entrée aglandau, alo adj : « óulivié aglandau, variété d’olivier dont le fruit est en forme de gland ». On ne peut être plus clair. Même en l’absence des deux données dans un dictionnaire (car ils sont incomplets et que chaque entrée n’est pas forcément illustrée par un exemple au masculin plus un exemple au féminin), on déduit l’une de l’autre par simple bon sens et logique. On trouve pareillement des citations à profusion chez les auteurs de langue d’oc où tous les oliviers sont désignés au masculin et toutes les olives forcément au féminin : « Ah ! li bèlli vergello d’óulivo verdalo ! oh ! li bèu bouquet di couliasso ! E li boutihenco, li fachouiro, li reialo, li redounalo e li vermeialo, agachas-li, amiras coume n’en plòu… » (Baptiste Bonnet, 19/20ème), c’est-à-dire verdale, colliasse, bouteillenque, fachouire, royale, redounale, vermeillale, toutes au féminins puisque l’auteur parle d’olives et non d’oliviers.

Rappelons donc cette évidence puisqu’elle semble échapper à la profession : les variétés d’oliviers ne peuvent être nommées QUE par des noms masculins, les variétés d’olives QUE par des noms féminins, puisque l’olivier est du genre masculin et l’olive du genre féminin (en occitan comme en français). Ce qui donne sur quelques exemples limités les correspondances logiques :

Oliviers en occitan adaptés en français Olives          adaptées en français
Pigau/Pigal Pigau/Pigal Pigala Pigale
Aglandau/Aglandal Aglandau/Aglandal Aglandala Aglandale
Verdau/Verdal Verdau/Verdal Verdala Verdale
Menudau/Menudal Ménudau/Ménudal Menudala Ménudale
Corniau/Cornial Corniau/Cornial Corniala Courniale/Corniale
Grossan Grossan Grossana Grossane
Botelhan Bouteillan Botelhana Bouteillane
Botinhan Boutignan Botinhana Boutignane
Calhetier Cailletier Calheta Caillette
Selonenc Sélounenc/Salonais Selonenca Sélounenque/Salonaise
Negret Négret Negreta Négrette
Roget Rouget Rogeta Rougette
Berruguet Berruguet Berrugueta Berruguette
Provençalet Provençalet Provençaleta Provençalette
Negron Négron Negrona Négronne
Calhon Caillon/Cailloun Calhona Caillone/Cailloune
Marselhés Marseillais Marselhesa Marseillaise
Tripard Tripard Triparda Triparde
Picholin Picholin Picholina Pichouline/Picholine
Luquier ou Lucal Lucquier Luca Lucques

Ou en graphie mistralienne pour les olives : Pigalo, Aglandalo, Verdalo, Menudalo, Cournialo, Groussano, Boutignano, Cailleto, Selounenco, Negreto, Rougeto, Berrugueto, Prouvençaleto, Negrouno, etc.

Tous les noms de la première colonne peuvent être adjectif ou nom : on dit aussi bien l’olivier aglandau que l’aglandaul’olivier rouget que le rouget, etc. Tous les noms de la deuxième colonne pareillement : l’olive grossane ou la grossanel’olive triparde ou la triparde.

L’adaptation française du O occitan (prononcé [ou]) est soit O, soit OU conservé à l’identique de l’occitan (comme pour Roquette/Rouquette, la salade). On peut donc avoir Cornial ou CournialSélounenc ou SélonencPichoulin(e) ou Picholin(e)Groussan(e) ou Grossan(e), etc. C’est la seule hésitation possible mais qui en aucun cas ne porte tort à aucune des deux langues ni à l’olivier. Et les oléiculteurs occitanophones ont forgé naturellement la forme masculine Lucal ou Luquier (les deux sont valables) pour désigner l’arbre à partir de l’olive Luca/Luco.

Les quelques 140 noms de variétés (avec synonymes bien sûr) que j’ai relevées ont toutes leur couple logique nom masculin de l’olivier/nom féminin de l’olive pour les désigner. À ce jour, il n’y a que deux variétés où les textes (ou les locuteurs) ne m’ont pas permis de trouver les correspondances olive/olivier : l’olive tanche (de l’occitan tancha) où je n’ai pas le symétrique pour l’arbre (la seule façon correcte de le nommer est alors « l’olivier à tanche », et non pas « tanche » tout seul, puisque tanche est féminin, Mistral restitue l’expression tancho d’aubre, tanche d’arbre (?) pour l’olive) et l’olivière qui qualifie une olive, mais qui semble venir du catalan où l’olivier peut être aussi du genre féminin (y-a-t’il eu mauvaise interprétation/adaptation ? Donc un point obscur à éclaircir linguistiquement).

Non, toutes ces considérations ne sont pas des poils de mouche… de l’olivier bien sûr ! Vous n’accepteriez pas que l’on vous donne du Denise en place de Denis, que l’on vous vende un poirier en place d’une poire. Vous ne parlez pas de l’autofertilité de l’orange et des pépins de l’oranger. Pour l’olivier, c’est exactement pareil…  Les Occitans au courant de leur langue et de leur culture, les chercheurs en linguistique et ethnobotanique occitanes,  n’admettent pas de voir traitées par dessus la jambe l’une et l’autre, voire ridiculisées par des emplois erronés à répétition de leur lexique et de leur grammaire, a fortiori dans un domaine qui les concerne au plus près : la culture de l’olivier exclusivement méditerranéenne, exclusivement nommée depuis des siècles en langue d’oc. Félicitations donc aux oléiculteurs qui ne commettent point ces erreurs (quelle que soit la graphie de la langue d’oc qu’ils utilisent), voire même qui font leur site d’accueil bilingue français-langue d’oc. Mais ceux qui affichent des huiles monovariétales devraient remplacer sur leurs étiquettes aglandau par aglandale, boutignan par boutignane, car jusqu’à preuve du contraire, c’est le jus de l’olive qu’ils vendent pour le plaisir de nos papilles et non le jus de l’olivier. Quant aux chercheurs, je n’ai trouvé aucun texte exempt de ces erreurs : tous sont du type « catalogue du pépiniériste surréaliste» cité plus haut, noms masculins et féminins allègrement mélangés aussi bien pour qualifier les olives que les oliviers.

Merci donc à tous de bien vouloir prendre conscience des erreurs linguistiques diffusées, de l’aspect totalement anti-scientifique qui en résulte et du préjudice culturel causé à l’olivier, qui a le droit, comme tout végétal, d’être nommé correctement. Le respect élémentaire est dû à une langue millénaire, que vous la parliez ou pas car c’est elle qui dit l’olivier (et non le français), en dehors du respect élémentaire de la grammaire en général, quelle que soit la langue. Car en français « un olivier salonenque, une olive aglandau » sont tout simplement des « monstres grammaticaux », comme « un olivier vieille, une poire juteux ». Je ne parle bien sûr ici que des noms occitans : les mêmes erreurs linguistiques doivent être commises sur les variétés espagnoles, corses, italiennes, grecques, citées dans les textes scientifiques. Il y a en effet des noms visiblement féminins pour qualifier des oliviers, alors que l’arbre est masculin dans la langue en question. Et toutes ces erreurs sont bien sûr diffusées à nouveau par Wikipédia, ce qui n’est certes pas une preuve. Ainsi la liste des moulins oléicoles département par département, qui m’a servi à trouver vos adresses, est suivie d’une liste des olives où l’on peut lire : « La Grossanne ou Groussan … » ; « La Salonenque ou Plant de Salon, Salounen, Salonen, Saurine» (!) pour ne donner que deux exemples.  Il est assez alarmant qu’il ne vienne à l’idée de personne de se poser la question : « est-ce bien normal qu’un adjectif masculin (groussan, salounen) ou féminin (groussane, salonenque) puisse qualifier indifféremment une olive du genre féminin ? ».  Et que personne n’ait l’idée d’attribuer spontanément la forme masculine à l’arbre et la forme féminine à l’olive. On peut aussi lire sur le site des oléiculteurs varois : « Le Cayon, petite olive douce noire (comparable à la niçoise), la Varagenque (Salonenque) en cassée verte, la Belgentieroise, très douce… ». « LA Varagenque, LA Belgentieroise »… mais « LE Cayon » pour UNE olive ?!…  Ou encore sur le site de l’ACCOPA à « variétés d’olives »: « La Bouteillan, variété rustique, est surtout cultivée dans le Var ». Non, c’est le Bouteillan pour l’arbre et la Bouteillane pour l’olive … On touche du doigt les tragiques dégats collatéraux de la déculturation que provoque la perte d’une langue, laquelle génère chez les usagers une perte totale de sens (de simple bon sens) et de structure des mots utilisés. Or vous communiquez tous sur « l’authenticité de vos produits », « l’ancienneté de vos moulins », l’huile « produit culturel », voire vous restituez des poèmes en provençal sur l’olivier sur les sites des Chevaliers de l’olivier : n’est-ce pas totalement contradictoire avec le fait de ne pas/plus savoir nommer correctement olives et oliviers ?

À travers ce plaidoyer, vous aurez tous compris combien je suis passionnée d’olives et d’oliviers, et que les voir nommer à tort et à travers me peine énormément par tout ce que cela signifie en perte de culture des gens du pays. Si je pouvais vous avoir alertés pour que cela ne soit pas irrémédiable… J’encourage donc la diffusion de ce plaidoyer pour les noms authentiques respectueux de la langue d’oc et de sa grammaire à tous les oléiculteurs, coopératives, chercheurs sur l’olivier que je n’ai pas pu contacter, faute d’avoir trouvé leur adresse électronique, car il est grand temps d’arrêter le « massacre linguistique » de notre arbre. Il est déjà suffisamment malmené symboliquement en espaces publics avec sa désacralisation honteuse sur les carrefours, ou sa consommation comme simple élément de décor dans des pots violets ou roses posés n’importe où, dans les galeries marchandes ou les gares, et jetable à volonté (cf. mon ouvrage épuisé Des Arbres et des Hommes, Edisud, 1997), ou sa taille ridicule « en nuages, en tonsure, en porte-manteaux ». Vidé de sa symbolique, en passe d’être maintenant privé de ses noms millénaires manipulés n’importe comment « sans science ni conscience », … une prise de conscience collective s’impose justement et c’est la moindre des choses que l’on puisse tous faire en faveur de notre arbre sacré.

Bien entendu, vous pouvez me contacter pour des conseils linguistiques.

Cordialement.

Josiane Ubaud