Laissons à un auteur de l’antiquité le soin d’ouvrir notre modeste ouvrage.
(…) On fait avec l’acier une fente légère ;
Là, d’un arbre fertile, on insère un bouton,
De l’arbre qui l’adopte, utile nourrisson.
Virgile,
Georgiques L. II
Pourquoi greffer un olivier
Mais, pourquoi le greffage et pourquoi celui des oliviers ? Les jardineries et les pépinières regorgent de jeunes plants obtenus par boutures et qui portent très tôt des olives (forçage aux engrais ?) ! Depuis quelques années, la variété n’est plus indiquée pas plus que la provenance. Pour des oliviers décoratifs dans un jardin, cela peut suffire, pas pour nos garrigues. Le greffage était une opération systématiquement pratiquée par les anciens. Il y a bien une raison à cela. C’est une opération de multiplication végétative. Rappelons le, elle consiste à provoquer la soudure de deux plantes différentes de manière à obtenir un individu unique. On obtient un sujet qui bénéficie des qualités respectives des deux parties réunies :
- le porte greffe (le sujet receveur) qui est la plante qui fournit ses racines bien installées depuis longtemps ; il apporte sa vigueur et sa rusticité car il est dans son terroir ;
- le greffon qui se trouve à l’extrémité du porte-greffe et qui propage la variété désirée.
Le greffage ne devrait être utilisé que lorsque les autres méthodes simples ne sont pas possibles : semis de noyaux, bouturage, marcottage, division, … Mis à part le bouturage, ces méthodes ne sont pas très pratiquées pour l’olivier mais elles existent. Mais il y a un cas, celui d’introduire dans un verger un ou plusieurs oliviers polliniseurs qui vont stimuler les arbres en place avec une fécondation croisée, évitant les autofécondations problématiques.
Le gel de février 2012 a eu raison de bien de ces oliviers nés sous des cieux plus cléments et qui ne sont pas adaptés aux hivers parfois rudes de notre méditerranée septentrionale.
Les cas qui se présentent
Plusieurs cas se présentent, il convient de réfléchir :
- greffe latérale sur un rameau d’une plaque d’écorce prélevée sur le rameau d’un donneur,
- greffe en-tête sur un jeune tronc bien vertical sectionné horizontalement.
Chaque cas demande réflexion. Mais quels outils pour greffer ?
Les outils du greffeur
D’abord une caissette en bois 35cm X 22cm x 15cm de haut) munie d’une anse (chevron de 30 X 30 mm) qui va servir de support pour tailler les greffons).
Un couteau à greffer à spatule en laiton (devêtissoir) et lame courbe en acier inox désinfectable.
Une scie à tirer pliante à coupe nette.
Une serpette pliante à lame courbe desinfectable.
Un sécateur professionnel.
Un flacon d’alcool à 90° pour désinfecter les lames des outils après chaque greffe.
Un pot de mastic à greffer.
De la ficelle et du ruban adhésif, des sacs à congélation pour protéger les greffes en-tête.
La parole aux images
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une greffe latérale
La vidéo nous montre comment greffer un jeune rejet avec la méthode de la greffe à la plaque, sur la zone située entre deux noeuds du tronc du receveur. Noter le couteau à greffer et la découpe d’une zone circulaire 1 cm au-dessus de la fenêtre découpée dans le porte-greffe.
Vous devez impérativement noter sur votre cahier de plantation le nom de la variété greffée, vous pouvez tracer avec la pointe de votre greffoir une lettre (P comme Picholine, V comme verdale, …). Sur l’image d’accueil de la vidéo, on voit les 2 volets de la fenêtre qui se déssèchent et l’unique bourgeon qui a pris. Un oeuil du porte-greffe situé sous la greffe donne un rameau, il faudra le couper délicatement de la pointe du greffoir sans blesser le greffon.
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une greffe en-tête
Nous avons voyagé loin au sud de la Méditerrannée, en Kabylie. Vous nous excuserez pour ceux qui ne sont pas arabisants « Même-si vous ne comprenez pas la langue, vous allez très bien comprendre. C’est tellement simple. ».
Chez nous, on l’appelle la greffe à la banane car le porte-greffe est pelé comme une banane, verticalement, pour recevoir une couronne de plaques. La protection de la greffe contre le déssèchement est assurée par du ruban achésif. Un maître-greffeur, un maallem.
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une greffe en-tête
Plus près de chez nous, une autre greffe à la banane, l’opérateur parle français. Vous pouvez étudier comment est obtenue une plaque porteuse de 2 bourgeons. et l’emmaillotage de la greffe avec du ruban adhésif et l’utilisation du mastic cicatrisant en tube. L’opérateur confirme la nécessité d’enlever tous les démarrages en-dessous.
Il faudra deux ans après faire le tri des nouvelles branches.
une greffe en-tête à la plume
La plume est le nom d’un greffon taillé en biseau simple injecté sous l’écorce d’un porte-greffe taillé pour une couronne. On ne met pas plus de deux ou trois greffons.
La plume peut également être insérée sous l’écorce d’un tronc jeune pour créer une ramification. Dans ce cas, on n’étête pas un arbre en tuant la frondaison.
L’avantage de cette greffe est une mise à fruits avancée d’un an par rapport aux autres types de greffes.
Rien ne vaut d’assister à une démonstration et d’y empoigner un couteau à greffer et de pratiquer.