Tout savoir sur la culture
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Cette vidéo condense en 127.600 vues une somme importante de connaissances sur cet arbre (plantation, entretien, taille, etc.).
Le choc des mots, le poids des images! et l’oléiculteur en action.
Mais qui est cet arbre qui nous réunit ici au sein de notre confrérie, notre arbre sacré ?
Son histoire a fait l’objet d’une admirable publication collective de 21 chercheurs ou techniciens supérieurs, sous la direction d’André Bervillé (Directeur de recherches HDR honoraire de l’INRA) « L’histoire de l’Olivier, éditions QUAE, 2012, 224 pp.). Cet ouvrage complète une longue série d’ouvrages dont les deux publications sur « L’identification et caractérisation des variétés d’olivier cultivées en France » (tomes 1 et 2) de Nathalie Moutier, Christian Pinatel, André Martre, Jean-Paul Rocher et alii. (2004 et 2011) éditions Naturalia.
Un peu de science : identité de notre arbre sacré
Olea europaea europaea (P.S. Green, 2002) est un végétal de la famille des Oléacées (grande famille comprenant notamment le lilas, le troène et le frêne). Il appartient au genre Olea et à l’espèce europaea, sous-espèce europaea. C’est l’Olivier d’Europe. Le genre Olea a fait l’objet en 2002 d’une révision complète par Peter Shaw Green, chercheur botaniste, Directeur Asjoint et Conservateur des herbiers des Jardins botaniques Royaux de Kew (Kew Gardens, est de Londres, Royaume Uni de Grande Bretagne). C’est le dernier travail de cette importance publié en 2001 et sa traduction en français par R. Gimilio a été faite et un article résumé publié dans les Annales de la Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de l’Hérault (Nouvelle systèmatique et biogéographique du genre Olea, vol. 153, pp. 73-86, 2013).
Le genre Olea est divisé en trois sous-genres :
- Paniculatae,
- Olea,
- Tetrapilus.
Le sous-genre Olea, section Olea, comprend l’espèce Olea europaea qui se subdivise en 6 sous-espèces (subsp.) :
- subsp. europaea (le nôtre),
- subsp. cuspidata (répandu en Asie, Chine, Inde, Pakistan et Iran, Arabie Sud et Afrique de l’Est et du Sud. En Arabie et en Abyssinie sous le nom de O. chrysophylla, et, au sud et à l’est de l’Afrique c’est O. africana, …)
- subsp. laperrinei (Olivier de Laperrine, localisé dans des territoires sahariens actuellement inaccessibles),
- subsp. maroccana (comme son nom l’indique),
- subsp. cerasiformis (répandu à Madère dénommé aussi Olea maderensis),
- subsp. guanchica (olivier des Iles Canaries, du nom des peuples Guanches qui habitaient les îles).
Ouf, c’est compliqué ! A travers la révision du genre, sur la production des specimens d’herbiers, on voit se dessiner une route de l’Olea vers l’est, par l’Afrique du nord (Olea europaea sylvestris, l’Oléastre ou Ulivastre), le sud du sahara (laperrinei), l’Afrique australe et l’océan Indien, le Pakistan et l’Inde, l’Indochine et la Chine, l’Insulinde (Olea borneensis) et l’arrivée en Australie du Nord (Olea paniculata). Un voyage de plusieurs millions d’années d’évolution au cours des éres géologiques.
Comment se déplace un arbre (un végétal) ? Par ses graines, ici un oiseau avale les “olives”), digère la pulpe et au bout de plusieurs centaines de kilomètres, les noyaux sont restitués dans les fientes. Ils germent et donnent un nouvel arbre.
A côté des migrations naturelles (échelonnées sur 140 millions d’années), il y a les introductions dues à l’espèce humaine et ses oléiculteurs. Absent cu continent américain, il est maintenant cultivé en Californie et en Amérique du Sud. Il est aussi cultivé en Australie où il a été introduit par les Espagnols, les Italiens, les Portugais ou les Français. Toute terre ayant un climat méditerranéen peut accueillir l’olivier. C’est ce qui s’est passé au Japon et c’est ce que la Chine tente de faire depuis quelques années.
Pourquoi ce laïus scientifique ?
La question qui est souvent posée : à quoi sert ce charabia ? La carte d’identité de notre olivier sert à identifier l’arbre jusqu’à ses cultivars (Picholinier, Negret de Calvisson, Lucquier, Rouget de Pignan, Olivieral, etc.) car il y a les appellations d’origine contrôlées (AOC) ou appellations d’origine protégée (AOP) qui répondent à des cahiers des charges précis qui ont une valeur légale. La caractérisation précise des cultivars (cf. N. Moutier et alii.) a été jusqu’à l’analyse des gènes, techniques moléculaires basées sur l’ADN. L’identification variétale a une valeur internationale, protégeant les produits (huiles, fruits, pâtes de fruits, etc) contre les contrefaçons, l’ADN se retrouvant dans les huiles et pouvant faire l’objet d’analyses. L’olive Tanche (Noire de Nyons) produite par l’arbre Tanche est l’exemple de la première AOC-AOP obtenue en 1994 (Le Nouvel Olivier n° 125 juil.-sept. 2021, p. 16). Chaque territoire qui possède son AOC ou AOP peut défendre devant les tribunaux ses productions et faire respecter leur spécifité et leur qualité. Les fraudes existent !